On vit une époque formidable ! Alors que notre société de consommation bat son plein et que chacun de nos faits et gestes semble en mesure de susciter une proposition marchande susceptible de nous séduire, l’une des denrées les plus précieuses du moment vient s’offrir à nous gratuitement et sans conditions. Les données, or noir de notre siècle, commencent, en effet, à se libérer et à devenir accessibles aux citoyens que nous sommes, aux entreprises innovantes capables de s’en servir pour offrir de nouveaux services à valeur ajoutée ainsi que, bien sûr, à tous les professionnels des études.
Le concept de l’Open Data s’entend généralement dans la sphère
publique. Il trouve ses fondements dans la recherche d’une
transparence de l’action publique et une volonté d’informer et
de collaborer avec les citoyens. Ces préoccupations, déjà en filigrane dans
la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ont été
mis en avant par le projet « Open Government Initiative », initié par le
président Barack Obama dès son premier jour à la Maison Blanche.
Depuis, de nombreux pays et organisations internationales ont inscrit
l’Open Data au rang de priorité. En juin 2013, au sommet du G8, les
chefs d’Etats réunis ont signé une charte sur l’ouverture des
données publiques et leur mise à disposition des citoyens.
La France en avance
En France, une mission baptisée Etalab, a été créée pour faciliter la
réutilisation la plus large possible des informations publiques. C’est
elle qui est chargée d’administrer le portail data.gouv.fr destiné à «
rassembler et à mettre à disposition librement l’ensemble des
informations publiques de l’Etat, de ses établissements publics et, si
elles le souhaitent, des collectivités territoriales et des personnes de
droit public ou de droit privé chargées d’une mission de service
public ». Depuis, la France a fait beaucoup d’efforts dans ce domaine,
au point d’être classée 4ème pays le plus avancé dans le baromètre de
l’open data de la World Wide Web Foundation, en Janvier 2015 (sur 86
pays évalués, juste après les Etats-Unis, le Royaume Uni et la Suède).
Aujourd’hui, Etalab propose sur le portail data.gouv.fr plus de 14.000
informations publiques gratuites et réutilisables, qui émanent de
ministères, de collectivités territoriales ou d’organismes européens
comme Eurostat. On peut y retrouver des données aussi variées que les
dépenses du budget de l’état, la liste de ses biens immobiliers, les
montants des remboursements mensuels de l’Assurance maladie par types
de prestations, des données sur la pollution atmosphérique ou les accidents
de la route, les prix de vente des logements neufs, la liste des gares
ferroviaires, le nombre d’assujettis à l’ISF par
commune…
La libération des données reste assujettie, bien entendu, à des règles qui
garantissent certains principes fondamentaux. Ainsi, on ne doit pas porter
atteinte à la vie privée, ne pas divulguer des données nominatives ou qui
sont protégées par le secret défense, respecter les éventuels droits
d’auteur, etc.
Des données pour entreprendre
Au-delà de la préoccupation citoyenne, l’une des finalités affichées de
l’Open Data est de favoriser l’éclosion d’initiatives
entrepreneuriales et de nouvelles activités basées sur l’exploitation
des données ainsi mises à disposition de tous. L’un des exemples les
plus cités concerne la création d’applications pour faciliter le
déplacement des personnes handicapées, basées sur la prise en compte des
horaires des transports en commun et de critères spécifiques comme la
hauteur des trottoirs ou l’accessibilité de certains lieux.
L’utilisation des données de transport mais également des informations
météorologiques, géographiques ou sur les entreprises, laisse libre cours à
de nombreuses possibilités d’exploitation. Le souhait est de créer de
la valeur à travers de nouvelles applications innovantes qui peuvent
apporter de nouveaux services aux citoyens et générer de nouveaux emplois.
Selon des estimations de la commission Européenne, l’Open Data devrait
générer rapidement 40 milliards d’Euros de CA annuel et 140 milliards
d’Euros de retombées.
Une aubaine pour la recherche marketing
Dans le domaine des études, la disponibilité de nombreuses données gratuites et fiables représente une véritable opportunité. Certaines données aujourd’hui en libre service étaient souvent captées, auparavant, par des fournisseurs qui en faisaient commerce. Aujourd’hui, ces données disponibles sont utiles à différentes étapes du processus d’étude :
- dans la phase de préparation de l’étude, l’Open Data est une source
précieuse de données secondaires sur le marché, la population concernée, le
secteur d’activité, les tendances de conjoncture…
- la constitution des échantillons est largement simplifiée et bénéficie
d’un niveau de précision sans précédent. Les données qu’on prenait le temps
d’aller chercher à l’Insee ou acheter auprès de fournisseurs privés ou
publics sont désormais à portée de souris.
- l’interprétation des résultats bénéficie de la disponibilité de
données complémentaires, capables d’éclairer ou de préciser les données
primaires collectées.
- la recodification et la représentation des résultats profitent
également des données libres. Ainsi, il est aisé désormais, avec les outils
adaptés (EthnosData)
de remplacer une profession énoncée librement par sa catégorie ou de
regrouper des adresses par zone, ville, région, etc.
L’Open Data est donc une belle opportunité pour les professionnels des études, en plus d’être une évolution citoyenne et une source d’innovations.