M-surveying ou l’informatisation des enquêtes en face-à-face

M-surveying ou l’informatisation des enquêtes en face-à-face

Qui n’a pas rêvé d’équiper son réseau d’enquêteurs d’un outil léger, maniable, performant, qui remplace le papier et permette une meilleure qualité d’enquête et l’automatisation du traitement des résultats ? Le « m-surveying » ou « mobile surveying » n’est certes pas un concept nouveau, mais de nouveaux matériels et de nouvelles applications en font désormais une option opérationnelle et économiquement viable.

Le face-à-face reste pour des raisons pratiques un mode incontournable pour les enquêtes sur le terrain.

En effet, le questionnaire distribué ou mis à disposition sur un comptoir, tel qu’on le voit souvent dans l’hôtellerie, présente à l’arrivée de nombreux biais, tant en termes d’échantillonnage que de qualité des informations recueillies. Le face-à-face permet au contraire de bien maîtriser la constitution des échantillons ainsi que la qualité des réponses. Il est même la seule méthode permettant par exemple la collecte de tendances à la sortie de bureaux de vote, ou bien l’enquête auprès d’usagers d’un moyen de transport en commun.

Mené de manière classique au format papier, le face-à-face reste cher, puisqu’au coût des enquêteurs vient s’ajouter celui de la saisie des questionnaires, processus lent et générateur d’erreurs.

Un outil désormais opérationnel

On les appelle assistants personnels (en anglais PDA pour Personal Digital Organizer), ordinateurs de poche ou bien encore ultra-portables. Ils entrent petit à petit dans le monde des études comme terminaux de saisie terrain, remplaçant avantageusement les ordinateurs portables, trop lourds et d’une autonomie insuffisante. Ils sont légers et peuvent prendre en compte les études des plus simples aux plus complexes.

La mémoire disponible sur la machine n’offre aucune restriction ni au nombre de questions ni à la complexité du questionnaire. La batterie, active pendant 6 à 8 heures, permet un travail par demi-journées, la recharge se faisant en une demi-heure. Malgré la petitesse de son écran, les textes sont très lisibles, et s’il est en couleur, il est possible d’afficher des photographies de bonne qualité en cours d’interview.

Les PDA sont donc parfaitement opérationnels pour remplacer les questionnaires papiers dans tous les contextes où la saisie de texte libre est limitée.

Quels gains ?

L’utilisation de PDA permet de gagner à plusieurs niveaux : dans la préparation d’une campagne d’interviews, c’est moins de temps pour le responsable de l’étude et aucun frais d’impression de document. Sur le terrain c’est une meilleure productivité dans l’interview, puisqu’une équipe dotée d’assistants personnels sera environ 3 fois plus rapide qu’au format papier. Mais le gain est sans doute encore plus net au niveau de l’exploitation des résultats : là où plusieurs jours étaient nécessaires, en quelques heures il est désormais possible d’assurer de manière automatisée toute la phase de récupération de l’information, le traitement des données et leur restitution sous forme de graphique. Par ailleurs, et d’un point de vue qualitatif, le PDA réduit les risques d’erreurs tout au long du processus, et augmente donc globalement la qualité du travail.

Au total, donc, l’enquête avec PDA permet des gains significatifs de temps, de ressources internes et de dépenses externes. Le calcul est bien entendu à faire dans chaque contexte particulier. A titre d’exemple, on a estimé que pour la réalisation totale de 15 000 interviews, un parc de 5 PDA équipant autant d’enquêteurs pourrait être amorti en moins d’un an.

Précisions enfin que le PDA, tout comme un ordinateur personnel, a besoin pour être opérationnel d’être doté d’un logiciel spécialisé dans l’enquête (comme Ethnos, voir paragraphe suivant), qui assure le bon niveau d’automatisation et d’ergonomie, depuis la conception des questionnaires jusqu’à l’obtention finale des graphiques de résultats.

Une nouvelle relation avec l’interviewé

Des expériences récentes ont montré qu’après une première réaction de méfiance face à cette nouvelle technologie, les enquêteurs sont rapidement conquis par les possibilités qu’offre cette nouvelle approche. Après avoir mis cet outil entre leurs mains, il est très vraisemblable qu’ils ne voudront pas s’en séparer de sitôt !

Le PDA est en effet plus pratique à manier que le papier, et nettement moins encombrant qu’un portable. Avec lui, la relation entre interviewé et interviewer se modifie : l’interviewer n’a que son stylet à manipuler, il est donc beaucoup plus tourné vers son interlocuteur, qui de son côté ressent moins la présence physique de l’outil sur lequel vont être gravées ses réponses. Cela est plus particulièrement valable lors de l’interview de personnes âgées.

Interactivité, productivité, une relation plus proche : on comprend mieux pourquoi ces nouveaux outils sont si vite adoptés par les équipes sur le terrain !

Une étude sur le terrain avec Ethnos CAPI (Computer-Assisted Personal Interviewing)

Ethnos permet de concevoir tous types de questionnaires sur un PC, et de les transférer vers un PDA au moyen de câble de transmission fourni en standard par le constructeur.

A la fin de la journée ou de la campagne, les questionnaires complétés sont rapatriés très simplement vers un PC qui va consolider l’ensemble des résultats.

Si l’équipe d’enquêteurs est délocalisée, la création d’un questionnaire et la récupération des données peuvent se faire à distance si l’on dispose d’un simple PC connecté sur une messagerie. On peut même aller jusqu’à équiper le PDA d’un modem, afin de permettre une transmission encore plus directe entre le terrain et le PC qui centralise les résultats.

Les avantages d’Ethnos en configuration CAPI sont de pouvoir faire des branchements multiples et donc d’adapter complètement le questionnaire au profil de la personne interrogée. Ethnos permet en outre de créer des quotas individuels par enquêteur et de contrôler en permanence la cohérence des réponses entrées.

Demain, 30% des enquêtes avec PDA ?

Les interviews sur le terrain avec ordinateur de poche sont dès aujourd’hui vraiment entrées dans une phase opérationnelle. Ils apportent des avantages concrets à la fois au responsable d’études, aux enquêteurs et aux interviewés. Même s’ils restent inadaptés aux questionnaires ouverts où la saisie de texte est majoritaire, ils vont s’imposer sans aucun doute dans toutes les situations où les réponses peuvent être standardisées et programmées par avance.

La technologie des ordinateurs de poche est par ailleurs en progression rapide, et ce marché est en croissance de plus de 60% par an. A ce rythme, près de 30% de la population des pays développés sera équipée en 2003 d’un ordinateur de poche multi-fonction. Il est vraisemblable qu’à cette date une proportion similaire des enquêtes sera réalisée sur la base de ces ordinateurs de poche du futur.