Hors-Série IA 2020

Retour sur l’initiative Research Data Marketplace

L’initiative Research Data Marketplace (RDM) a été récemment dévoilée à IIeX Amérique du Nord. Basée sur une chaîne en bloc, RDM vise à transformer la façon dont les données d’études sont produites et utilisées dans l’ensemble de l’industrie de la recherche. Certains parlent d’un catalyseur d’innovation et d’un moyen pour multiplier les revenus de l’industrie.

A l’initiative de la démarche : Clint Taylor. Clint Taylor est le Vice-président de Sentient Decision Science. Nommé à plusieurs reprises par le GRIT dans le Top50 des personnalités de l’industrie de la recherche, il s’intèresse activement à cerner l’impact des nouvelles technologies pour l’industrie de la connaissance client. Clint est régulièrement juge à au concours Inclusive Innovation Challenge organisé par le MIT (concours qui attribue plus d’un million de dollars aux entreprises ou organisations qui visent à créer la prospérité mondiale en réinventant l’avenir du travail à partir de la technologie).

Taylor Clint a tenu une conférence remarquée lors du dernier rassemblement IIeX. L’impact de la nouvelle technologie de la Blockchain sur l’industrie des études de marché serait l’un de ses sujets de prédilection depuis plus d’un an maintenant.

Il a démarré sa présentation par une phrase prononcée par l’actuelle PDG d’IBM au sujet de cette nouvelle technologie au coeur des débats: « La Blockchain sera pour les transactions ce que l’Internet a été pour l’information ». Tout le monde s’accordera pour dire que ce n’est pas une petite déclaration. Chez Clint, c’est un point de départ pour réfléchir à la façon dont les transactions sont réalisées au sein de l’industrie des études. Il reprend le chiffre des transactions qui est évalué à 45 milliards de dollars. « Existe-t-il un autre secteur qui pourrait bénéficier autant des transformations induites par la Blockchain, dans le sens où cette technologie bouleverse la nature même de la transaction acheteur/vendeur ? » demande Clint Taylor.

Replaçons le décor. Le rapport GRIT publié l’an dernier indiquait que les instituts d’études travaillaient généralement avec plusieurs entreprises sous-traitantes, et qu’ils n’hésitaient pas à recourir à de multiples techniques d’études au sein d’une même recherche. D’après le GRIT, la liste des méthodologies employées serait plus longue que jamais et en constante augmentation. Cela assure pour Clint une accélération constante du nombre de transactions dans l’industrie. Or, « La Blockchain sera pour les transactions ce que l’Internet a été pour l’information ». Chacun peut légitimement se demander comment en tirer parti ? Clint simplifie le contexte : « Imaginez que vous pouviez acheter n’importe quelle donnée, collectée par n’importe quel moyen, n’importe où dans le monde, en utilisant un téléphone portable ou un ordinateur, et que vous pouviez vendre au monde entier les données que vous avez générées en interne : cela ne vous intéresse-t-il pas ? »

Beaucoup disent que la technologie de la Blockchain arrive à maturité. Elle peut – selon Clint – rendre les transactions de données de l’industrie plus efficaces, fiables et sécurisées qu’avant. C’est à partir de ce constat que Taylor Clint a présenté l’initiative Research Data Marketplace, qui est une plateforme construite sur une chaîne de blocs par l’industrie des études de marché pour l’industrie des études de marché. « Un marché mondial qui servirait de plaque tournante pour toutes les données recueillies n’importe où, n’importe quand, par n’importe quel chercheur, grand ou petit, universitaire ou commercial ».

Clint explique le fonctionnement de la Blockchain appliquée à l’industrie des études en présentant deux parties distinctes. Une première partie qui est un exemple de vente de données, qui énumère un titre, le type de données, les lieux de collecte, l’industrie et le coût. Puis, une deuxième partie qui représente un achat de ces données, avec un prix payé, ainsi qu’une note pour le vendeur, l’acheteur et les données. La nouveauté ici – que Clint annonce comme en instance de brevet – est la clé qui lie de façon permanente un fichier à l’acheteur et au vendeur dans la transaction. Elle garantit que ce qui a été offert est ce qui a été vendu, et constitue un lien immuable avec les données traitées sans compromettre la confidentialité de ces dernières. « Cette intégration d’un fichier crypté dans un véritable marché peer-to-peer qu’une architecture de Blockchain peut fournir n’existe nulle part, alors j’ai déposé un brevet provisoire pour cela ».

Le spécialiste rêve d’un marché de données fondé sur le mérite et non sur le marketing. « Un marché où ceux qui mènent les meilleures recherches et qui fournissent les techniques les plus efficaces atteignent le sommet, et non les marketeurs avertis qui se présentent comme les meilleurs ». En réalité, cela permettrait de légitimer la valeur de tout marché de données – dans un secteur où il peut être difficile de le faire.

Dans son exemple Clint explique inclure des cotes pour l’acheteur, le vendeur et la qualité des données. Il s’agirait de notations requises de la part des pairs de l’industrie, l’évaluation de la valeur des personnes et des données que seuls les études de marché connaissent. « Ce serait une plateforme technologique d’une valeur inégalée pour l’industrie (…) réunissant deux parties dans un écosystème mutuellement bénéfique. C’est le but de la démarche RDM. » La plate-forme RDM telle qu’énoncée serait construite, hébergée et détenue par l’industrie des études de marché. Chaque entité faisant partie du réseau RDM disposerait d’une copie entièrement transparente de chaque fichier de données affiché et vendu, ce qui en fait une véritable plate-forme peer-to-peer où aucune autorité centrale tierce n’est impliquée d’après Clint. « C’est la nature même de la chaîne de blocs, et sa puissance pour l’industrie des études de marché va bien au-delà des données de l’étude elle-même. » Clint explique y voir le moyen de construire une source de données fiable et transparente pour l’industrie sur laquelle baser analyses, tendances et prévisions. L’expert va plus loin en argumentant que la plate-forme sera ouverte à tout développeur : « Les entreprises de visualisation de données pourront offrir non seulement des données brutes, mais aussi automatiser l’achat et l’analyse en temps réel de ces données brutes pour fournir des visualisations immédiates ».

De plus Taylor Clint projette que la plate-forme Research Data Marketplace pourrait devenir une source de données intelligente pour la formation des moteurs d’IA, car elle contiendrait les cotes et prix vérifiés par les acteurs de l’industrie – et non un échantillon aléatoire de données spéculatives arbitraires.

« RDM est en outre cryptocurrency-ready, ce qui signifie que toute personne dans le monde peut potentiellement traiter des données et des offres dans cet écosystème sans les 6-20% des frais généraux des institutions bancaires ». Cela présenterait une valeur immédiate pour les chercheurs, car la connaissance pourrait être utilisée pour d’autres initiatives de recherche – ce qui produirait des recettes. « Les économies à l’échelle de l’industrie peuvent facilement atteindre huit ou même neuf chiffres ! » affirme Clint.

Face à ces affirmations, on pourrait se demander où l’initiative RDM en est vraiment. Clint affirme avoir déjà une authentification de données en instance de brevet, ainsi qu’être en relation avec une équipe de développeurs prête à créer les principales applications web et mobiles pour l’industrie (API, architecture, logique de la chaîne de blocs…).

Affaire à suivre.

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