L’initiative Research Data Marketplace (RDM) a été récemment dévoilée à
IIeX Amérique du Nord. Basée sur une chaîne en bloc, RDM vise à transformer
la façon dont les données d’études sont produites et utilisées dans
l’ensemble de l’industrie de la recherche. Certains parlent
d’un catalyseur d’innovation et d’un moyen pour multiplier
les revenus de l’industrie.
A l’initiative de la démarche : Clint Taylor. Clint Taylor est
le Vice-président de Sentient Decision Science. Nommé à plusieurs reprises
par le GRIT dans le Top50 des personnalités de l’industrie de la
recherche, il s’intèresse activement à cerner l’impact des
nouvelles technologies pour l’industrie de la connaissance client.
Clint est régulièrement juge à au concours Inclusive Innovation Challenge
organisé par le MIT (concours qui attribue plus d’un million de
dollars aux entreprises ou organisations qui visent à créer la prospérité
mondiale en réinventant l’avenir du travail à partir de la
technologie).
Taylor Clint a tenu une conférence remarquée lors du dernier
rassemblement IIeX. L’impact de la nouvelle technologie de la
Blockchain sur l’industrie des études de marché serait l’un de
ses sujets de prédilection depuis plus d’un an maintenant.
Il a démarré sa présentation par une phrase prononcée par
l’actuelle PDG d’IBM au sujet de cette nouvelle technologie au
coeur des débats: « La Blockchain sera pour les transactions ce que
l’Internet a été pour l’information ». Tout le monde
s’accordera pour dire que ce n’est pas une petite déclaration.
Chez Clint, c’est un point de départ pour réfléchir à la façon dont
les transactions sont réalisées au sein de l’industrie des études. Il
reprend le chiffre des transactions qui est évalué à 45 milliards de
dollars. « Existe-t-il un autre secteur qui pourrait bénéficier autant
des transformations induites par la Blockchain, dans le sens où cette
technologie bouleverse la nature même de la transaction acheteur/vendeur
? » demande Clint Taylor.
Replaçons le décor. Le rapport GRIT publié l’an dernier
indiquait que les instituts d’études travaillaient généralement avec
plusieurs entreprises sous-traitantes, et qu’ils n’hésitaient
pas à recourir à de multiples techniques d’études au sein d’une
même recherche. D’après le GRIT, la liste des méthodologies employées
serait plus longue que jamais et en constante augmentation. Cela assure pour
Clint une accélération constante du nombre de transactions dans
l’industrie. Or, « La Blockchain sera pour les transactions ce que
l’Internet a été pour l’information ». Chacun peut
légitimement se demander comment en tirer parti ? Clint simplifie le
contexte : « Imaginez que vous pouviez acheter n’importe quelle
donnée, collectée par n’importe quel moyen, n’importe où
dans le monde, en utilisant un téléphone portable ou un ordinateur, et
que vous pouviez vendre au monde entier les données que vous avez
générées en interne : cela ne vous intéresse-t-il pas ? »
Beaucoup disent que la technologie de la Blockchain arrive à
maturité. Elle peut – selon Clint – rendre les transactions de
données de l’industrie plus efficaces, fiables et sécurisées
qu’avant. C’est à partir de ce constat que Taylor Clint a
présenté l’initiative Research Data Marketplace, qui est une
plateforme construite sur une chaîne de blocs par l’industrie des
études de marché pour l’industrie des études de marché. « Un
marché mondial qui servirait de plaque tournante pour toutes les données
recueillies n’importe où, n’importe quand, par
n’importe quel chercheur, grand ou petit, universitaire ou
commercial ».
Clint explique le fonctionnement de la Blockchain appliquée à
l’industrie des études en présentant deux parties distinctes. Une
première partie qui est un exemple de vente de données, qui énumère un
titre, le type de données, les lieux de collecte, l’industrie et le
coût. Puis, une deuxième partie qui représente un achat de ces données, avec
un prix payé, ainsi qu’une note pour le vendeur, l’acheteur et
les données. La nouveauté ici – que Clint annonce comme en instance de
brevet – est la clé qui lie de façon permanente un fichier à
l’acheteur et au vendeur dans la transaction. Elle garantit que ce qui
a été offert est ce qui a été vendu, et constitue un lien immuable avec les
données traitées sans compromettre la confidentialité de ces dernières.
« Cette intégration d’un fichier crypté dans un véritable marché
peer-to-peer qu’une architecture de Blockchain peut fournir
n’existe nulle part, alors j’ai déposé un brevet provisoire
pour cela ».
Le spécialiste rêve d’un marché de données fondé sur le mérite
et non sur le marketing. « Un marché où ceux qui mènent les meilleures
recherches et qui fournissent les techniques les plus efficaces
atteignent le sommet, et non les marketeurs avertis qui se présentent
comme les meilleurs ». En réalité, cela permettrait de légitimer la
valeur de tout marché de données – dans un secteur où il peut être
difficile de le faire.
Dans son exemple Clint explique inclure des cotes pour
l’acheteur, le vendeur et la qualité des données. Il s’agirait
de notations requises de la part des pairs de l’industrie,
l’évaluation de la valeur des personnes et des données que seuls les
études de marché connaissent. « Ce serait une plateforme technologique
d’une valeur inégalée pour l’industrie (…) réunissant
deux parties dans un écosystème mutuellement bénéfique. C’est le
but de la démarche RDM. » La plate-forme RDM telle qu’énoncée
serait construite, hébergée et détenue par l’industrie des études de
marché. Chaque entité faisant partie du réseau RDM disposerait d’une
copie entièrement transparente de chaque fichier de données affiché et
vendu, ce qui en fait une véritable plate-forme peer-to-peer où aucune
autorité centrale tierce n’est impliquée d’après Clint.
« C’est la nature même de la chaîne de blocs, et sa puissance pour
l’industrie des études de marché va bien au-delà des données de
l’étude elle-même. » Clint explique y voir le moyen de
construire une source de données fiable et transparente pour
l’industrie sur laquelle baser analyses, tendances et prévisions.
L’expert va plus loin en argumentant que la plate-forme sera ouverte à
tout développeur : « Les entreprises de visualisation de données
pourront offrir non seulement des données brutes, mais aussi automatiser
l’achat et l’analyse en temps réel de ces données brutes
pour fournir des visualisations immédiates ».
De plus Taylor Clint projette que la plate-forme Research Data
Marketplace pourrait devenir une source de données intelligente pour la
formation des moteurs d’IA, car elle contiendrait les cotes et prix
vérifiés par les acteurs de l’industrie – et non un échantillon
aléatoire de données spéculatives arbitraires.
« RDM est en outre cryptocurrency-ready, ce qui signifie que
toute personne dans le monde peut potentiellement traiter des données et
des offres dans cet écosystème sans les 6-20% des frais généraux des
institutions bancaires ». Cela présenterait une valeur immédiate
pour les chercheurs, car la connaissance pourrait être utilisée pour
d’autres initiatives de recherche – ce qui produirait des
recettes. « Les économies à l’échelle de l’industrie peuvent
facilement atteindre huit ou même neuf chiffres ! » affirme Clint.
Face à ces affirmations, on pourrait se demander où
l’initiative RDM en est vraiment. Clint affirme avoir déjà une
authentification de données en instance de brevet, ainsi qu’être en
relation avec une équipe de développeurs prête à créer les principales
applications web et mobiles pour l’industrie (API, architecture,
logique de la chaîne de blocs…).
Affaire à suivre.