Hors-Série IA 2020

Echos du marketing et des études (11/09)

Crise : Ipsos en recul pour la première fois depuis 1977

Ipsos a connu, pour la première fois depuis 1977, un recul dans ses performances. L’institut a en effet présenté pour le premier semestre 2009 un CA en baisse de 3,2% à 447,8 M€, une marge brute en recul de 1,9% à 279,7 M€, un bénéfice opérationnel qui s’effondre de 31% à 28,4 M€ et un bénéfice net également en très net recul de 34% à 14,3 M€. Didier Truchot, Co-Président du groupe, prévoit encore entre 12 et 18 mois de faiblesse sur le marché des études. Le second semestre 2009 va donc être marqué par une poursuite des restructurations dans le groupe qui a déjà opéré au premier semestre une réduction d’effectifs de 400 collaborateurs qui lui a coûté 7,8 M€ sur les 10 M€ budgétés mais doit se traduire par une économie annuelle de 15 M€. La société est passée à ce qu’elle a présenté comme son « Plan B » en mars, lorsque il est devenu clair qu’elle aurait du mal à atteindre les objectifs annoncés. Ce plan
« consiste à ajuster la masse salariale au niveau d’activité pays par pays ».
L’importance des effets de la récession semble avoir surpris le groupe. En février, IPSOS annonçait s’attendre à une poursuite de sa croissance mais à un rythme moins élevé que dans les années précédentes. Aujourd’hui, les dirigeants prennent acte de la situation. « Nous ne croîtrons pas en 2009 » a annoncé récemment Truchot. Pour lui, les dépenses marketing avaient reculé comme prévu, mais les dépenses d’études aussi, et au même rythme. « Nous ne prévoyons pas d’amélioration significative au second semestre » a-t-il ajouté. Il estime que les clients vont continuer à resserrer leurs dépenses marketing, car ils n’arrivent pas encore à bien évaluer les niveaux de consommation et l’évolution de leurs marchés. Selon le communiqué du groupe,
« le cumul semestriel reflète la violence de la crise et les transformations qu’elle induit dans le comportement des clients ». Ceux-ci chercheraient à « maximiser l’usage des données disponibles, qu’elles proviennent d’études par enquêtes ou d’autres sources », ou encore à rechercher « les solutions les moins coûteuses possibles ».
Malgré la crise, Truchot a indiqué que les acquisitions allaient se poursuivre, surtout sur les marchés émergents, et en ce qui concerne les sociétés spécialisées travaillant sur des marchés plus mûrs. Le critère clé serait la bonne société au bon prix, l’écart d’évaluation constaté dernièrement ayant tendance à se réduire avec la crise.

TNS Sofres et Research International fusionnent

L’acquisition de TNS par WPP fin 2008 s’est traduite par un rapprochement des activités de TNS et de Research International.

Aujourd’hui les deux entités ont fusionné sous une seule et même bannière, TNS Sofres, sous la direction de Yannick Carriou.

Marc Papanicola, Directeur général de Research International, rejoint le Comité de Direction de TNS Sofres. Pour Yannick Carriou, Directeur général de TNS Sofres « Au-delà du renforcement du leadership de TNS Sofres, ce rapprochement est l’occasion de mieux répondre à l’évolution des attentes de nos clients. En nous associant avec Research International nous faisons bénéficier nos clients d’une offre combinée de solutions d’études, d’équipes talentueuses et, au total, d’expertises sans égales en France, comme à l’international ».

Marc Papanicola, Directeur général de Research International, ajoute : « Nous sommes ravis de joindre nos forces – notamment en matière d’études qualitatives et d’innovation – à celles de TNS Sofres, une société de grande réputation et au savoir-faire reconnu ».

IOD et Estel fusionnent

Les instituts d’études IOD et ESTEL, dirigés respectivement par Renaud Dédéyan et Jean-Pierre Malosto, ont annoncé leur fusion en une nouvelle entité baptisée MICA Research.
Ce nouvel institut bénéficie de deux implantations (Paris & Shanghaï) et intervient dans 30 pays, dans le domaine des études tant quantitatives que qualitatives (online, téléphone, face à face). Il se positionne sur six pôles d’expertises :
– la grande consommation,
– les services (B to B, B to C, secteur privé, secteur public)
– l’automobile
– la distribution & retail
– le tourisme & transport
– l’observation sociale (études internes aux entreprises).

ADIV Marketing devient ADN Marketing

ADIV Marketing qui a développé depuis 1986 une forte expertise dans les tests consommateurs et l’analyse sensorielle des produits agro-alimentaires a annoncé un changement de nom. L’institut, dont le développement régulier l’a hissé au 33ème rang des instituts d’études tous secteurs confondus adopte, dans le cadre de son développement, une nouvelle enseigne, ADN Marketing. ADN Marketing entend développer les prestations de la société, mises en œuvre dans le cadre d’études ad hoc ou d’études barométriques particulièrement adaptées aux besoins des Responsables des services Marketing, Qualité, Recherche et Développement.

e-Rewards Études de marché ouvre un bureau à Paris

Le fournisseur de panels en ligne e-Rewards vient d’inaugurer de nouveaux bureaux à Paris 17ème (32, rue Guersant), pour servir sa clientèle européenne. Katia Levy et Virginie Le Rat ont rejoint la société dans le cadre de cette nouvelle implantation. Katia Levy occupait auparavant les fonctions de New Business Manager, Global Services chez Nielsen, après avoir été chef de projet pour marchFIRST, en charge de différents clients dans le domaine du tourisme, du luxe et des industries de loisirs. Virginie Le Rat travaillait chez Forrester Research en tant que Senior Account Manager, après avoir travaillé pour TNS Media Intelligence en tant que Sales Manager et International Sales Manager. « e-Rewards Europe connaît une croissance dynamique, » explique le Vice-Président des ventes globales Craig Stevens. « Devant cette croissance continue de notre clientèle, il est essentiel de disposer d’une présence locale pour offrir le plus haut niveau de service, au plus près de nos clients. Notre expansion en Europe vient souligner la détermination d’e-Rewards à fournir des services de panels en ligne et de recueil de données de première qualité à nos clients français ». Basée à Dallas aux États-Unis, e-Rewards se présente comme le plus grand fournisseur de panels en ligne « sur invitation uniquement », desservant plus de 850 instituts d’études.

IBM s’offre SPSS pour 1,2 Milliards de dollars

Fondée en 1968 par trois diplômés de Stanford, SPSS a accompagné plusieurs générations de statisticiens, d’étudiants, de chercheurs et de chargés d’études. Premier grand éditeur à lancer en 1984 un logiciel d’analyse statistiques de données sur PC, SPSS s’est progressivement orienté vers le data-mining et l’analyse prédictive. C’est cette spécialité qui a certainement intéressé le géant mondial du logiciel IBM qui vient d’annoncer avoir conclu un accord en vue du rachat de l’entreprise. La valeur retenue à 50 dollars par titre, valorise SPSS à 1,2 Milliards de dollars. SPSS a réalisé un CA de 303 Millions de dollars en 2008. La société qui emploie 1.200 personnes dans une soixantaine de pays a connu avec la crise un recul de ses ventes au 4ème trimestre 2008 (-17%) et au premier trimestre 2009 (-12%) et ce, malgré la restructuration de ses gammes de produits. L’offre d’IBM arrive donc à un bon moment et avec une valorisation intéressante pour l’éditeur.

Cette acquisition vient renforcer les positions de Big Blue dans le domaine de la Business Intelligence, face à ses grands concurrents et notamment Oracle qui a acquis Sigma Dynamics en 2006 et Hyperion en 2007 et SAP, qui s’est offert Business Objects en 2007. IBM avait déjà acquis l’éditeur canadien de logiciels décisionnels Cognos en 2008 et avait déjà entamé une collaboration étroite avec SPSS, pour implémenter certaines des technologies prédictives de SPSS dans Cognos. D’après des responsables d’IBM, l’analyse prédictive aidera leurs clients à aller au-delà du mode “Sense and Respond” de l’entreprise adaptative vers un mode “Predict and Act”. Elle permettra “d’ajouter au portefeuille des logiciels d’IBM des systèmes d’analyse avancés, pour offrir de nouvelles solutions, par exemple dans la gestion de clients de services financiers, de patients dans le secteur de la santé, la prévention de crimes ou la localisation des meilleurs emplacements de magasins pour des commerçants ».

Reste maintenant à savoir ce qu’il adviendra de la gamme traditionnelle de logiciels de SPSS sur le marché du Market Research.

Le petit ToLuna avale le gros Greenfield-ISS

En 2008, Microsoft avait racheté la société Greenfield Online pour 486 Millions de $ afin de mettre la main sur le comparateur de prix Ciao.com. La firme de Seattle avait annoncé la revente des activités d’enquêtes d’opinion sur Internet (ISS : Internet Survey Solutions) de Greenfield à un fond d’investissement, Zelnick Media (ZM) pour un prix de l’ordre de 150 Millions de $. Or cette dernière opération a échoué et Microsoft a dû se mettre en quête d’un nouvel acheteur.

A la surprise générale, on a appris au début de l’été que c’était le petit français ToLuna (CA 2008 : 27,4 M€) qui rachetait le gros américain ISS (CA 2008 : 63 M€) au géant de Seattle, à un prix exceptionnel de 40 Millions de $. ToLuna, société cotée à la bourse de Londres, a procédé à une augmentation de capital de plus de 28 M£ auprès de ses investisseurs historiques et de nouveaux entrants, dont le fonds familial belge Verlinvest, qui entre à hauteur de 13,38%.

En rachetant ISS, opérateur historique sur le marché de la collecte de données en ligne (présent depuis 1994), ToLuna renforce sa présence et met la main sur un réseau de 1,5 millions de panélistes actifs dans 28 pays. Elle s’adjoint également un portefeuille d’environ 1000 clients à travers le monde dont WPP, GFK, TNS Sofres, Synovate et IPSOS. Elle conforte enfin sa présence en Amérique du Nord où le marché des études en ligne rencontre un succès grandissant, mais aussi en Europe et en Asie où ce marché commence à croître de façon significative du fait de l’abandon progressif des techniques de sondage traditionnelles
(enquêtes en face-à-face ou par téléphone).

Au terme de cette opération, le nouvel ensemble emploierait environ 700 personnes, réparties dans 11 pays. « Cette opération de croissance externe majeure augure d’une nouvelle ère pour ToLuna. Elle va nous permettre de développer nos positions dans le secteur des études de marché en ligne et nous ouvre des perspectives de croissance fortes dans les prochaines années. Au travers de cette opération, je suis également très heureux de pouvoir désormais compter sur le soutien de l’équipe de Greenfield online ISS (563 collaborateurs) pour faire croître nos revenus. » indique Frédéric-Charles Petit – Président de ToLuna.

Rappel aux règles du SYNTEC après la polémique Opinion Way

Dans son dernier rapport sur le budget de l’Elysée, la Cour des Comptes a épinglé l’utilité de certaines dépenses engagées par la Présidence de la République pour des sondages confiés à l’institut Opinion Way et dont les résultats ont été publiés par Le Figaro et LCI. « Sur les 35 études diverses facturées en 2008, au moins 15 d’entre-elles avaient fait l’objet de publications dans la presse ». « Pour un nombre très limité d’entre-elles, la version remise à l’Elysée contenait des thèmes ne figurant pas dans la version grand public. Pour les autres études, le document remis à la Présidence était identique à celui publié par les organes de presse et conduisait donc à mettre en doute l’intérêt de telles commandes ».

Suite à la polémique que cette remise en cause a déclenché, le syndicat Syntec des sociétés d’études marketing et sondages d’opinion, a voulu rappeler dans un communiqué « le cadre strict qui structure l’ensemble de la profession », déplorant « toute pratique pouvant prêter à confusion ». Syntec a mis l’accent sur l’impératif de transparence en matière de publication d’études, en rappelant notamment les règles déontologiques de la profession. « Conscients du lien profond de la déontologie, de la rigueur commerciale et technique, avec la qualité, la crédibilité et la légitimité de leur métier, les professionnels des études marketing et sondages d’opinion ont, de longue date, structuré leurs activités selon des règles et des usages partagés, régulièrement actualisés dans l’objectif de garantir la confiance du public et des commanditaires d’études ».

Le syndicat a rappelé que les règles fondamentales qui régissaient la profession étaient consignées dans le Code Esomar / Chambre de Commerce International ainsi que dans la norme ISO sur les études de marché, études sociales et d’opinion.

Selon Syntec, ces règles « ont souvent été établies en anticipation des débats publics impliquant les études et des dispositifs législatifs qui ont pu en résulter ; au demeurant, elles imposent très souvent des contraintes supérieures à ce qu’exige la loi ». Ainsi, le syndicat a rappelé l’importance de la mention obligatoire du nom et de la qualité du payeur, imposée par la loi dans le seul cadre de la publication et de la diffusion des sondages électoraux, mais qui est devenue une pratique généralisée à tous types d’études et en toutes circonstances chez les membres de SYNTEC Etudes Marketing & Opinion, et très au-delà dans la profession.

Pour Patrice BERGEN, Président du syndicat, « la transparence en matière de publication et de diffusion d’études est un impératif absolu de notre métier. Il est de la responsabilité de chaque société d’études marketing et sondages d’opinion d’y veiller, et de s’abstenir strictement de toute pratique ambigüe, qui pourrait jeter le doute sur l’ensemble d’une profession fondée sur un cadre déontologique et éthique rigoureux. Les membres de SYNTEC Etudes Marketing & Opinion s’engagent à cette transparence et sont prêts à répondre à toute question à ce sujet, en particulier sur les commanditaires des sondages rendus publics, dans les cas éventuels où leur publication ne semblerait pas assez explicite ».

Cette prise de position a été d’autant plus facile pour le syndicat que l’institut Opinion Way n’en fait pas partie.

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